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Infos toute fraiche : Réindustrialisation : «Il faut que l’administration devienne aussi “marchande” que possible, c’est-à-dire pro-business»

Ce papier ayant pour thématique « l’automobile » a été trouvé sur le web, nous avons projeté de vous le révéler dès à présent.

Son titre (Réindustrialisation : «Il faut que l’administration devienne aussi “marchande” que possible, c’est-à-dire pro-business») en dit long.

Présenté sous le nom «d’anonymat
», le journaliste est positivement connu.

Vous pouvez prendre connaissance de ces révélations en toute confiance.

Voici ll’article :

Personne n’a vu le drame de la désindustrialisation qui venait, tout le monde est responsable, estime Nicolas Dufourcq, directeur général de la Banque publique d’investissement, Bpifrance, depuis 2013.

Au terme de votre analyse de la désindustrialisation, on hésite entre deux attitudes : la colère froide car vous décrivez un immense gâchis. Ou l’optimisme car la désindustrialisation est stoppée, dites-vous…

La France fait de grandes choses quand elle est unie, mais c’est parfois pour le pire. Il y a en effet les empreintes digitales de tout le pays sur la tragédie industrielle que nous avons vécue, c’est ce que j’ai voulu raconter. Mais la France peut aussi être unie pour le meilleur, par exemple remonter une industrie du XXIe siècle dont nous serons fiers. Ce n’est pas encore totalement acquis. L’Etat est très mobilisé sur l’industrie depuis la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, lorsque le pays a pris conscience qu’il s’était passé quelque chose de très grave à la suite de la crise de 2009. Des mesures publiques ont été prises à ce moment-là, avec le programme des investissements d’avenir, le déplafonnement du crédit impôt recherche, puis, après 2012, la création de Bpifrance, la baisse du coût du travail, la réforme du Code du travail… et maintenant France 2030. Les conditions sont réunies pour une explosion de possibilités. Encore faut-il que tout le monde soit d’accord, ce qui n’est pas encore tout à fait le cas.

Les jeunes de l’émission « Top chef » sont les héros d’une vie quotidienne d’opérateurs d’une usine qui s’appelle la cuisine. Il faut faire « Top Fab » ! Pour le moment, l’industrie cherche toujours à recruter 300 000 jeunes…

Le modèle social français est-il compatible avec une réindustrialisation, et tout ce qu’elle implique ?

Le modèle social français pèse aujourd’hui de tout son poids sur les entreprises industrielles. Et il n’y a plus assez d’entreprises pour le financer. Pour le soutenir, la France a besoin au bas mot de deux fois plus d’entrepreneurs et 50% d’industrie en plus. Les déficits cumulés de la Sécurité sociale montrent que l’économie ne crée plus assez de valeur pour financer le modèle social du pays, et en particulier pour augmenter légitimement le salaire des infirmières ou des profs. Plus de valeur, cela signifie davantage de production, d’innovation, de travail… La France est capable d’engendrer une nouvelle génération d’entrepreneurs créatifs, nous avons les moyens de les financer et de les accompagner. Le problème est que l’industrie véhicule toujours cette image d’un univers aliénant, Zola reste un imaginaire puissant. Or l’industrie est devenue un monde digital, automatisé, fondé sur la donnée. Les produits fabriqués sont de plus en plus complexes. Dans le semi-conducteur, on ne parle plus d’usine mais de « fab ». Les jeunes de l’émission « Top chef » sont les héros d’une vie quotidienne d’opérateurs d’une usine qui s’appelle la cuisine. Il faut faire « Top Fab » ! Pour le moment, l’industrie cherche toujours à recruter 300 000 jeunes…

Ce qui frappe, ce sont les erreurs de diagnostic des élites : leur mauvaise compréhension de l’euro, de la mondialisation, de la réunification allemande…

Précisons que pour moi, les élites sont celles et ceux qui sont en position de diriger, et non les « filles et fils de ». J’en fais partie ! A notre décharge, on ne pouvait pas imaginer l’inimaginable en 1995-2000. Le mot désindustrialisation a été inventé tard, à la fin des années 2000, avec la crise de l’automobile. La France est un pays idéologique. Les élites politiques, économiques, sociales, syndicales et médiatiques ont été collectivement incapables de produire un consensus à cette époque-là. Tous ceux qui ne voulaient pas accepter le drame en cours l’ont nié. Les autres ont été accusés d’être des râleurs, ce fut le cas des chefs d’entreprise qui m’ont raconté à quel point c’était dur à l’époque. La France est complexe à gérer, pleine de contradictions : vous subventionnez les entreprises, puis vous leur imposez les 35 heures… A ce moment-là, il n’y avait pas de lieu de construction de la cohérence.

Vous reprenez l’expression trahison des élites. Vous citez Jean-Pierre Chevènement parlant d’un effondrement de la volonté. Est-ce vraiment la réalité ?

Personne n’a vu le drame qui venait, les chiffres étaient ambigus. Puis ce fut le toboggan et un discours a pris tournure : ne vous inquiétez pas, c’est normal, c’est la servicialisation. La France sans usine, « fabless », c’est très bien. Cela a eu lieu aux Etats-Unis, au Royaume Uni. Mais on n’a surtout pas dit que ce n’était pas le cas en Allemagne, en Suisse, aux Pays-bas… L’opinion dirigeante dela mondialisation, les analystes financiers que vous rencontriez, les avocats, les cabinets de conseil mondialistes et anglo-saxons, tous disaient : « C’est ça qu’il faut faire! ». Tout le monde avait envie d’être anglo-saxon, c’était le moment Tony Blair. Il ne s’agissait pas à proprement parler d’un effondrement de la volonté, mais d’une contagion idéologique fatale. La France est toujours plus vulnérable aux idéologies que l’Allemagne car ses élites sont concentrées.

Il y a une obsession française pour l’Allemagne, mais à aucun moment on ne s’est dit, ils ont peut-être raison ?

L’Allemagne n’allait pas bien à l’époque, elle était en train d’absorber l’Allemagne de l’est, son Etat-providence avait dérivé. Or à partir de 1997, le pays a pris des mesures correctrices. On a pensé que cela durerait deux ou trois ans, ça a duré vingt ans. Tout est parti du contrat social. On a demandé aux Allemands de se serrer la ceinture, cela a permis le deuxième miracle allemand des années 2000, après celui des années 1950. Modération salariale, baisse massive des prestations chômage… Au final, la compétitivité additionnelle a été gigantesque! Au même moment, la Chine entrait dans l’OMC, ce qui lui a permis de multiplier son industrie par 7 en dix ans ! L’Allemagne était équipée pour en profiter, ainsi que la Suisse. Ils ont équipé la Chine en machines-outils.

La crise de la Covid et l’Ukraine sont-ils des chocs suffisants pour faire comprendre la nécessité de relocaliser et de réindustrialiser ?

Malheureusement non, je ne pense pas que tous les Français aient encore bien compris qu’il faut plus de création de valeur et plus de travail pour financer notre modèle social.

En Allemagne, la nouvelle référence, c’est la vitesse de construction de l’usine Tesla de Berlin. La « Tesla speed » est devenue l’étalon-temps que les Allemands vont dorénavant appliquer à tout

Aujourd’hui on salue le plan France 2030 pour sa vision de long terme. Mais ne faut-il pas surtout craindre le retour de l’État omnipotent ?

Il y a deux Etats : l’Etat stratège, capable d’injecter des montants de capitaux gigantesques dans des programmes stratégiques. C’est ce que font les Etats-Unis dans le spatial, l’hydrogène ou le quantique. C’est France 2030. Et puis il y a l’Etat régulateur. En France, les deux vont ensemble et cela fait partie des incohérences stratégiques fréquentes. Mais si on veut s’en sortir, il faut vraiment que l’administration devienne aussi « marchande » que possible, c’est-à-dire pro-business, dans le respect des exigences de la transition climatique. On ne peut pas réindustrialiser la France avec une administration simplement gendarme, et une pluie incessante de circulaires. C’est aussi cela le contrat social, tout le monde doit s’y mettre. Y compris la justice. Il faut qu’elle passe vite. Les recours deviennent quasi systématiques lors de la construction d’usines. Des entrepreneurs préfèrent partir en Espagne par exemple, plutôt que d’attendre un permis pendant des mois en France. Dans ce domaine, il y a une concurrence des nations qu’il ne faut pas sous-estimer. En Allemagne, la nouvelle référence, c’est la vitesse de construction de l’usine Tesla de Berlin. La « Tesla speed » est devenue l’étalon-temps que les Allemands vont dorénavant appliquer à tout. Il a fallu quatorze mois pour obtenir le permis de construire de l’usine de batteries ACC à Douvrin. La fusion entre Fiat et Peugeot, dans 60 pays, pour créer le géant mondial Stellantis a été plus rapide !

Il faut, dites-vous, combattre les trois fléaux de notre identité: fatalisme, intellectualisme, tendance tragique à la dispersion…

Il faut connaître ses défauts pour les traiter. La dispersion renvoie aux sujets de gouvernance. A Bpifrance, tout est construit pour que les choses se fassent de la manière la plus rapide possible. Le fatalisme est inadmissible, il faut taper dessus. La « fabless » a été l’invention langagière permettant de le justifier. L’intellectualisme, c’est le pire des défauts français. C’est le manque de bon sens dans l’exécution et dans l’opérationnel. La France est le pays rêvé pour être entrepreneur, avec tous les dispositifs qui existent. Mais notre pente naturelle nous ramène toujours vers le compliqué et la bureaucratie. Pour l’industrie, c’est un problème. Le baromètre EY démontre d’ailleurs qu’en termes de nouveaux projets industriels et de création d’emplois, même s’il est attractif, le pays n’est pas au niveau où il devrait être. La French Tech a eu ses pigeons qui ont défendu leurs ambitions. On peut arriver aussi dans l’industrie à installer un cadre durable et favorable. En tout cas c’est la condition du succès.

Comment les patrons ont-ils réagi à votre demande de témoignages ?

Ils ont dit « enfin ! », et ensuite : « Plus jamais ça ».

Autopsie d’un drame français

La désindustrialistion française est un moment majeur de l’histoire, elle est pourtant couverte d’un halo de mystère, écrit Nicolas Dufourcq, le directeur général de la Banque publique d’investissement. Dans cet ouvrage, qui recèle de nombreux témoignages de ceux qui étaient aux manettes entre 1995 et 2015, il tente de comprendre les raisons d’un drame qui n’a pas fini de faire sentir ses effets.
La désindustrialisation de la France, Editions Odile Jabob, 382 pages, 27,90 euros.

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